ET VOILA C’EST FINI !
Le temps de se quitter à l’aéroport d’Orly. Un bisou entre deux réceptions de valises qui
tournent sur un tapis et nous voilà éparpillés, chacun de notre côté.
Valérie notre ministre des finances est partie seule cet après-midi
en voyage de noces dans sa Loire Atlantique, pendant que, je savoure le climat
vendéen (Pluie et vent).
Solange est repartie direct au boulot ! Aie ! Franchement j’avoue que la médaille du Lundi productif
lui revient logiquement. Ha Ba si quand
même !
Gérard est de corvée de courses… Bon en même temps, on ne va
pas le plaindre ! ça n’est pas la liste à la con de Zagaya pour 15 jours
pour huit (huit pages recto verso à en pleurer … Arial, Police 6) … Alors on ne
va pas le plaindre ! En te débrouillant bien tu en as pour 1h Gégé. Vas-y
Gégé... on y croit !
Giuseppe, Isabel et Orazio sont arrivés vers 2 heures du
mat… à Turin sans doute lessivés.
Quinze jours de voyages et de photos qui resteront marquées
dans les esprits de chacun.
Quinze jours de décors superbes dignes de cartes postales.
Quinze jours sur un bateau avec des relations humaines évoluant
dans 30 m2
Giuseppe est un skipper formidable. Il est exigeant sur un
bateau parce qu’on ne néglige pas la sécurité des hommes. Un cordage trop court
et il trouve la solution que tout le monde adopte ensuite. Il sait préparer l’équipage
à l’amarrage, déplier les voiles en fonction du vent et de la météo même en mer
inconnue. Si un jour on le perd, nous ferons une grande fête lorsque nous le
retrouverons !
Isabel est une femme superbe. Même les moustiques l’aiment
(c’est pour dire comme sa peau doit être sucrée). Elle est tout aussi
bienveillante que notre capitaine. Elle veut savoir comment on fait le café à
la française avec filtre (d’ailleurs est-ce réellement français ?). Elle
est partout à la fois et on veut toujours l’aider pour ne pas la laisser tout
faire toute seule. Merci Isabel
Solange produit environ 60 questions à la minute. J’avoue ne
pouvoir répondre qu’à une seule à la minute… Alors j’ai abdiqué et je voudrais
m’excuser de ne pas pouvoir être toujours attentif et ne pas toujours répondre.
Et pourtant, ma lenteur d’esprit m’a aussi permis de voir qu’elle était
bienveillante, attentive à tous. Excuse-moi Solange ! j’ai le cerveau au
ralenti dès qu’on passe 25 ° Grace au conseil de son Robinson, elle est passée
de la noyade sur pare battage à la fille qui regarde les tortues et les raies
sous l’eau.
Pas mal non ? moi j’avoue : c’est super !
Pas mal non ? moi j’avoue : c’est super !
Valérie est la fille qui va au rythme d’une question par
jour sauf pour le Parcours-Sup où là, elle peut adopter le rythme « Solange ».
Elle
va donc à mon rythme et ça me convient. Elle a découvert le vaccin contre le
mal de mer : il ne se prend pas
sous forme de comprimé ou d’injection mais il suffit juste de s’allonger sur
une banquette et de faire la marmotte. (Renouvelez l’application en cas de besoin).
Son sourire peut éclairer une soirée mais quand Didier se vante d’avoir
organisé des « dîners de cons », son œil se noircit et elle peut
crucifier en une phrase.
- On est tous le con de quelqu’un sans exception… et là !
je la rejoins ! Un film reste un film encore faut-il le comprendre… Pas
sur que Didier ait tout compris et la subtilité pour avoir percuté ! Il
devra le revoir pour savoir qui est le vrai con de ce film. A ce compte là, je
me méfierais d’en être l’organisateur…
Valérie échange un consentement contre un verre de rhum.
(Remarque, moi aussi !). Une bonne vivante et j’adore la vie souriante...
Et mon Gégé dans tout
ça (où plutôt le Gégé de Solange) ? Il est fidèle a celui que j’ai connu
en Grèce. Il parle comme il vit ou vit comme il parle. Simple et fier de ce
qu’il voit, je sens une sincérité que j’aime. Un humour à la limite du couteau
tendu qui peut déplaire mais que j’apprécie. Son seul défaut est qu’il
vieillit… 60 balais quand même ! Gégé, ressaisis-toi.
Et puis il y a Didier ! quoi dire ?
Didier est un équipier fort avec un sens de l’équipe
incommensurable. Il a le goût de l’effort et son sens du partage est inné… Vous
y ajoutez un sens de la déconne et de l’humour
et vous avez une perle rare… Bon désolé ! ceci devait être écrit
sur son bulletin du 1er trimestre de 1ère section de
maternelle mais depuis tout est parti en cacahuètes…
En fait Didier a réussi à faire la vaisselle deux fois en
quinze jours… Il nous a enrichi de ses spécialités culinaires (le café froid de
16 heures qu’il était le seul à boire) … Mais attention … Didier n’est pas
n’importe qui… Il connait tout le show bizz dans son restaurant parisien, il
connait la m eilleure langouste du coin et même sa traçabilité… D’où elle vient,
qui l’a péché, comment était habillé le pêcheur ce jour-là... Ça en jette
non ?
Il connait toutes les destinations et tous les restaurants
des Antilles… Dommage car il en oublie l’instant présent. Son cerveau est un guide du
routard ambulant... Il faudra juste faire une petite mise à jour : N’oubliez pas une bonne bouteille de blanc au Tobago Cays ! Sinon vous
savourerez votre langouste avec un verre d’eau salée. Heureusement que j’ai dit
« oui » à Valérie le lendemain sinon on aurait pu mourir
desséchés !
A l’heure ou j’écris, il pleut… Didier a le sens de la déconne...! : Il est à 100
bornes au calme d’un château avec grand ciel bleu… Une belle photothèque dans un
téléphone est toujours utile pour épater la galerie ! trop drôle !
Demain, il part pour Zarzis en Tunisie… Là-bas
il rejoint son meilleur copain : Les Beatles … Bon Didier ! Arrête un
peu… ça commence à se voir… les Beatles !!! ce n’était pas un mec mais
quatre… et en plus il y en a un de mort ! T’exagères pas un peu ?)
Didier est à la barre… il suggère alors le changement de
voile au skippervu que lui sait... mais… lorsque l’amarrage se profile… Alors il devient le roi de la vaporette… et
comme il a les mains occupées par son joujou en plastique, il se met sur répondeur… « Absent pour le
moment, je vous rappelle (ou pas) dès mon retour ». ça tombe mal, merde ! ... En plus, il n'y a plus de réseau !
Didier ne vit pas l’instant présent. Il a toujours vécu mieux
ailleurs… les riches ! oui là bas.. tout ça ... Oui !
Et nous ?
Evidemment ! les gens l'écoute par politesse mais moi j'avoue. : Au secours ! je fuie !
On s’en foue de ta vie achetée ! Nous, nous avons décidé d’être là, sans aucune frustration et nous pouvons le dire sans complexe : «on est mieux là que dans le 16ème» et j’avoue aimer ce que je vois. Mais je remercie Didier car peut-être a-t-il fait naître en moi un projet d’écriture. Merci Didier l !
On s’en foue de ta vie achetée ! Nous, nous avons décidé d’être là, sans aucune frustration et nous pouvons le dire sans complexe : «on est mieux là que dans le 16ème» et j’avoue aimer ce que je vois. Mais je remercie Didier car peut-être a-t-il fait naître en moi un projet d’écriture. Merci Didier l !
Et quand Didier et Orazio sont sur un bateau. Si Didier se
tourne les pouces qu’est ce qu'il reste ?
ouais on peut même enlever le "si" et dire :
Didier se tourne les pouces... qu'est ce qu'il reste ?
ouais on peut même enlever le "si" et dire :
Didier se tourne les pouces... qu'est ce qu'il reste ?
Il reste le meilleur : Orazio
Si vous mettez du beurre dans les pâtes, vous faites erreur !
Gardez le pour les épinards et appelez Orazio pour les pastas. Lui est capable
de passer de longues heures pour préparer la sauce. La cuisson des pâtes n’est
pas superficielle mais précise. Isabel
les aime plus cuites, Orazio, al dente. La confrontation peut tourner au sketch
mais qu’importe puisque c’est bon. Orazio prépare les anchois et les aubergines
comme un dieu.
Il est à l’ancre, au cordage, aux pare-battages. Il se met
sous le bateau si une corde se prend dans l’hélice et une fois la mission
accomplie, retourne éplucher l’oignon pour le repas du midi. Il chante bien et
y ajoute la chorégraphie et son français s’améliore de jour en jour :
Qu’est ce que c’est ce bordel Tonton ! Il peut donc
compter sur nous pour lui apprendre tout le vocabulaire utile à son humour qui
ne le quitte pas.
Voilà, tout s’arrête et le temps ne gardera que le bon et le
beau et il n'y aura pas de place pour le médiocre ou superficiel.
Là-bas au loin tu vois ces dauphins ? Regarde les
tortues, les raies et cet aquarium géant !
Souviens-toi de ton premier petit déjeuner et de ces acras. Souviens
toi de ces jeunes qui font la fête dans l’anse noire. Souviens-toi de tes 60
ans et de ce vrai faux mariage. Souviens-toi du goût de la langouste et du
rhum. Souviens toi de la pêche de Claude (Non là, je déconne !).
Souviens-toi de ces bateaux qui viennent vers toi pour te vendre du pain ou du
« fresh fish ». Souviens-toi de ces baraques colorées et des gens
qui t’appelle « Doudou ». Souviens-toi de t’être allongé à l’ombre
d’un cocotier. Souviens-toi de ces gros coquillages qu’on appelle « Lambis ».
Souviens-toi avoir été Jack Sparrow un instant et dis-toi qu’un jour tu étais
là-bas sur ces ses pas. Souviens toi de l’odeur du souffre qui coule à Sainte
Lucie. Souviens toi des ces eaux transparentes. Souviens-toi du sable blanc.
Souviens-toi des soirées bruyantes ou plus calmes. Souviens-toi de l’eau qui
claque sur la coque d’un bateau. Souviens-toi de ce lit qui bouge. Souviens-toi
des chiens errants qui jappent et des voitures pleines de décibels. Souviens
toi aussi d’un mec puis deux qui descendent sous le bateau couper un cordage pour
ne pas perdre 15 jours de vacances alors qu’un loueur peut grignoter 2 jours
sans problème. Et souvenez-vous aussi que Orazio comme moi n’ont pas aimé
descendre dans cette mer chaude au risque de se fracasser le crâne contre une
coque ballottée par la houle pour couper un cordage. Avez vous compris pourquoi personne ne voulait descendre au retour au Marin ?
Souvenez-vous de tout ou de rien en vous souvenant pour
toujours que nous y étions et je veux juste garder l’image d’un décor de
rêve que j’ai ponctué de silence parce que parfois, je me suis demandé si nous allions continuer.
On en reparle demain ?
Retour à Paris avec quelques heures de retard
Un homme sans doute aussi à l’aise que moi dans l’avion a
fait un malaise juste avant le décollage. L’avion déjà parti pour prendre son
envol est donc revenu au point de départ. Il a fallu débarquer le pauvre monsieur, mais
ensuite c’est tout un protocole qui se met en route !
Des papiers à signer qui prennent un temps certain
(quelqu’un aurait-il un stylo ?) puis, comme la porte de l’avion a été réouverte, il faut procéder de nouveau à la démoustication de l’appareil…
(Bah oui ! On peut ramener en souvenir les piqûres, mais pas les
moustiques). Nous sommes donc partis vers 0 H 15 et le pilote nous a dit
qu’il rattraperait le temps perdu. (super !)
Bon ce n’est pas le tout mais pour faire face au décalage
horaire, on va faire dodo !
Mais dormir dans un avion, c’est un peu faire dormir un Berger
Allemand dans le panier d’un Yorkshire ! tu essaies d’étaler les pattes
sans pouvoir. Tu cherches le hublot avec ta tête alors que tu es dans l’allée
et, le premier qui va aux toilettes te rappelles que tu dépasses ton
territoire ! et quand enfin tu as réussi à trouver la Zen attitude, il y a
le gars de devant qui doit s’appeler « No stress » qui couche son
dossier sur tes genoux… Tu es coincé ! Tu ne peux plus te débattre mais
juste subir… Il y a bien le petit écran
devant toi pour regarder des films qui semble te dire : Choisis ton film
car tu ne pourras pas dormir… Non tu ne veux pas te laisser pervertir ! Tu
veux juste dormir ! Ta tête s’écroule à droite à gauche comme un boxeur à
la limite du K.O.
Tu ne cherches que le coup de grâce mais non il y a le
soigneur qui te balance un verre d’eau pour te ressusciter.
A gauche… Tu cherches
une dernière fois à étaler les pattes dans l’allée… L’hôtesse passe, bute
dedans et sourie en se disant… « Fallait pas prendre la classe éco mon
Doudou ! »
Alors tu regardes de nouveau l’écran qui te rappelle qu’il
reste environ 7 H 10 de trajet… Ca va être long…. OK on regarde un film …
Papa ! On est bientôt arrivé ?
Dimanche… 2 H à Paris… l’avion est sur la piste mais il faut
encore trouver une place pour débarquer… No Stress ! le pilote
s’occupe de tout !
1/2 heure plus tard, c’est bon on a enfin pu nous trouver
une plateforme pour nous débarquer. 2
heures de somnolence perturbée et nous voilà en pleine forme pour pousser les
valises !
Le reste ne sera que couloirs d’aéroport, halls de gare,
trains…
22 H 52 et Nantes se profile et il va falloir avoir les yeux
en face des trous et prendre garde pour ne pas tomber entre le quai et le
marchepied… (comme dit la dame !)
Bonne nuit les petits !
Il est 21 H 30 à l’aéroport de Fort de France. L’aventure se
termine.
Après une nuit passée dans la baie de Saint Anne, No Stress
est reparti pour sa dernière petite étape vers le port du Marin. 6 H du matin
et le bateau avance tout doucement vers son port d’attache.
Le bateau doit être amarré sur le ponton 1 du port du marin.
Le vent souffle assez fort et le souvenir d’un dernier amarrage un peu rock’n’roll
il y a trois mois au port d’Alimos en Grèce est toujours dans mon esprit. Notre
arrivée très matinale sans prévenir le loueur pour avoir de l’aide sur ponton
m’inquiète d’autant plus. Alors, je demande à Giuseppe où récupérer la pendille, un des
points d’amarrage du bateau. Je dois donc la prendre sur l’arrière bâbord
pour ensuite la tirer jusque l’avant du bateau. "No Stress" entre sans connaitre le point exact de son amarrage. Deux
annexes sont amarrées sur la seule place possible et il faut donc faire
demi-tour dans un couloir très peu large. Giuseppe fait demi-tour, mais voilà ! La pendille d’un
bateau voisin se prend dans une des hélices. Le bateau stoppe aussitôt et cale.
Le vent le pousse vers les autres bateaux. Il faut tout de suite protéger notre
coque et les autres avec des pares-battages. Le bateau cogne sur un zodiac et
par chance ne se fracasse pas sur les autres.
Voilà une belle arrivée en
fanfare, réveillant tout un ponton et rappelle que le mot « humilité »
avec un grand « H » a toute sa place dans la navigation. Je pense
même que le grand « H » ne suffit pas. Il faut également un grand « U »,
un grand M… En clair écrivons le en majuscule : « HUMILITE ».
Et bien rebelotte, il va falloir plonger et libérer l’hélice
du cordage. Alors je vais m’y coller mais sans enthousiasme. Je suis fatigué de
ses amarrages qui ne se déroulent jamais comme prévus, des pare-battages mis à
l’arrache pour éviter l’accroc. Des bouées de mouillage qui s’échappent de la gaffe,
des cordages trop courts… bref !
Le loueur est bien arrivé pour tenter de nous délivrer mais
il aura fallu plonger tout de même. Le cordage enroulait l’hélice sur trois
tours. Juste deux apnées suffiront pour la libérer. Un zodiac viendra nous
tirer par l’arrière. Le bateau sera tiré d’affaire et s’en sortira sans dommage.
Ouf !
Je crois que « No Stress » devrait être rebaptisé.
Il porte assez mal son nom. Il parait que rebaptiser un bateau ne porte pas
chance. Peut être que notre bateau a déjà changé de nom un jour… car le moindre
que l’on puisse dire, c’est que techniquement, nous ne sommes pas trop chanceux.
Je me suis séché et nous avons dressé la table pour un ultime
petit déjeuner. Le bateau ne bougera plus. C’est bien comme ça.
Avant notre retour vers l’aéroport, nous avons flâné le long
de la cote martiniquaise à Sainte Luce (surtout ne pas dire Sainte Lucie confirme
Didier notre matelot du 16ème arrondissement de Paris qui appellera
Orazio « Umberto » jusqu’au dernier jour), puis nous sommes repartis vers
les Trois Îlets. Il fait chaud et accompagné de Solange et Gérard, Valérie et
moi allons boire un verre à l’ombre d’un parasol pour une dernière vue sur le
sable blanc.
Vous parlez français ? dit Solange au serveur
martiniquais qui vient pour la commande…
Solange a perdu le fil tout comme moi. Finalement, à force
de naviguer d’île en île, on finit par oublier le jour et l’heure et l’île sur
laquelle nous sommes. Ce sont les bienfaits de la mer.
Mais tout cela s’arrête ce soir…
Clearance d’entrée ou sortie :
L’entrée ou la sortie des îles Grenadines ou de l’ile de
Sainte Lucie nécessite une Clearance d’entrée et de sortie. C’est une formalité
administrative incontournable pour pouvoir poser le pied sur le territoire.
En arrivant à la soufrière, nous avons fait le plein des
réservoirs. Ici le gasoil est à 4,5 € le galon. Ce qui équivaut à 4,5 € pour
4,5 litres). Alors à 1 € le litre, il n’y a pas de questions à se poser.
Garfield un local bien sympa nous aide à l’amarrage et c’est avec lui que nous
irons faire les clearances. I
Avec son canot, il nous trouve notre bouée de mouillage et
emmène ensuite Giuseppe et moi jusqu’au ponton pour la Clearance.
Dans le bureau, le douanier ne rigole pas. Il nous fait
comprendre dans son anglais rigide et sans humour que nous sommes en retard et
que le bureau ferme…
Alors pas de temps à perdre il nous conduit au 1er
étage et avec toujours autant de délicatesse nous ordonne le nom du bateau, la
liste de l’équipage en quatre exemplaires. Giuseppe n’en a qu’une seule et
notre ami douanier va devoir faire 3 photocopies un jeudi soir à cinq minutes
de la fermeture. Ensuite il faudra remplir un papier avec les dates d’arrivée,
le nom du bateau et sa taille et divers renseignements. Mais là, point de
photocopies puisqu’il l’administration a prévu la fameuse feuille de papier
carbone qui économise le photocopieur. Ensuite on entre dans une sorte de danse
des tampons et signatures. A ce petit jeu, j’avoue que le douanier maîtrise mieux la signature que Giuseppe qui signe à la vitesse d’une tortue sous-marine
qui se ballade un jour férié. A ce moment-là, toujours dans un anglais sympa,
le fonctionnaire presque quitte de sa journée dit à Giuseppe de se
« magner ». Il n’a pas que ça à faire le monsieur.
Voilà le dernier papier est signé ! Ouf !
Mais le douanier n’en a pas fini. Il nous dit de nous
dépêcher de descendre et de rejoindre deux autres fonctionnaires toujours aussi
souriants. Là dans un petit bureau de 10 m2, nous ressortons nos papiers
carbonés…
Le premier douanier nous demande cette fois les heures
d’arrivée (hé oui chacun son job !), puis il nous annonce le prix et
repart dans une valse des tampons sur les passeports. Nous lui tendons les
billets mais chacun son job… alors, c’est le second qui prendra la monnaie en
daignant lever la tête !
Nous en sommes quasiment quitte jusqu’à ce que le tamponneur
de passeport nous signale :
You ’re overtime ! (Vous êtes en retard et en dehors
des heures d’ouverture du bureau !) Alors il faudra redonner une petite
rallonge à nos trois mousquetaires pour quitter le bureau une fois pour toute.
Finalement nos fonctionnaires français ne sont pas si mauvais… un peu plus
compréhensifs et moins corrompus !
La ville ou village de la soufrière est pleine de couleur.
Les barraques sont construites en bois puis, colorées de vert, bleu, jaune. Les
habitants semblent tous se connaitre. Là aussi ça ne respire pas la richesse.
Les voitures circulent à gauche (l’Angleterre est passée par là), le klaxon
s’utilise autant que le levier de vitesse et l’autoradio souvent transformé en
sono de discothèque.
La soirée est calme. Nous commençons depuis quelques jours à
composer nos menus avec les boites de conserves et fruits restants. Alors ça se
transforme en apéro-dinatoire sans oublier les spaghettis ! Et pour accommoder
nos spaghettis ou farfalles, nous avons à bord nos spécialistes. Alors tout va
bien. Nous avons même sans doute prévu trop.
Ce matin, Garfield est venu nous chercher avec son bateau
pour nous conduire jusqu’au taxi. De là, avec notre chauffeur au look très
local, nous sommes allés aux bains de boue. En descendant de la voiture,
l’odeur de soufre (œuf pourri) est forte. Après une bonne douche à l’eau douce
bien froide, (c’est bon l’eau douce !), nous avons fait trempette dans des
grands bacs d’eau noire à 38 degrés. Puis passage dans la boue et re
trempette ! Le tout se termine par
une bonne douche froide.
Puis nous sommes repartis vers les cascades d’eau chaude
avant de retrouver la soufrière et son marché local.
« No Stress » est reparti ce matin à 11h quittant Sainte
Lucie sous une pluie chaude. Nous voguons vers la Martinique. Chacun a repris
sa place. Tiens ! Valérie n’est pas sur sa banquette ! Elle est dans
sa cabine… chut ! Elle dort…
SAINT VINCENT
C’est à « Wallilabou Bay » que nous avons amarré « No
Stress » ce soir. Cette baie est un reste de décor de film de « Pirates
des Caraibes ». Chaque amarrage est un rituel. Un bateau en bois vient au-devant
de nous puis tente de nous entrainer vers une bouée de mouillage. Nous suivons
donc ce bateau de fortune pour une baie qui est-elle très loin d’être fortunée.
Ici, le « système D » bat son plein pour gagner quelques dollars et
le marchandage est la règle. Tous les vendeurs sont embarqués sur des petites
embarcations colorées et vont de voiliers en voiliers pour vendre leur production.
Ce soir, nous ne sommes que trois ou quatre voiliers et ils ne feront pas
recettes. Parmi les colliers, bananes et fruits locaux, nous ne prendrons que
du pain et de la glace en essayant de limiter l’arnaque au maximum ! Giuseppe est le premier à débarquer sur l’ile.
Nous devons en profiter pour faire les « Clearance de sortie » car
demain nous quitterons définitivement les Grenadines pour rejoindre « Sainte
Lucie ». Le bureau des douanes est un pauvre cabanon. Les horaires d’ouverture
sont dignes des ouvertures des guichets S.N.C.F. des petites villes de province !
Ouverture à 16h et fermeture à 18h. Hormis un café restaurant, il n’y a aucun
commerce. Nous avons débarqué pour tenter de voir une cascade que l’on ne verra
jamais !
Il faut en effet payer l’homme qui vous y emmène (car aucune
signalisation) puis, payer l’entrée à une femme. Nous avons renoncé à payer pour
un truc qui n’en valait sans doute pas la peine. La pauvreté est évidente !
il faut mieux vendre des langoustes aux Tobago Cays avec des bateaux
surpuissants, plutôt que d’écoper l’eau de son bateau et naviguer avec des
branches transformées en rames pour vendre quelques colliers.
La journée en mer a été épuisante et ce soir il n’y aura ni
anniversaire, ni mariage. Soirée cool devant un « chili con carne » à
regarder les photos de Gérard, les vidéos au milieu des tortues. Orazio chante en
italien accompagné d’Isabel. Giuseppe ne peut que mimer (il s’est fait virer de
la chorale quand il était petit !). Seules nos voix s’entendent dans la baie
silencieuse. Puis, la fatigue s’invite. Les voix se taisent. Juste quelques
clapotis sur la coque du bateau et de petites vaguelettes qui déferlent sur la
plage de Wallilabou suffisent à m’emporter. Je m’endors et déjà je rêve de ce
monde silencieux peuplé de poissons multicolores et de tortues qui m’entrainent
dans leur profondeur.
Cinq heures du mat ! J’ai des frissons (non, je déconne !)
Six heures du mat et il fait chaud… une chaleur humide à
faire hurler les chiens errants présents aussi sur le quai de wallilabou. Ces
jappements ont eu raison du sommeil d’Orazio. Il est debout. J’ai entendu le
clapet de la cafetière italienne se refermer et quelques minutes après, j’ai
senti la bonne odeur du café ! Orazio est un homme formidable. Il n’y a
pas un jour où il n’a pas fait le café pour son capitaine (el capitan). Il est
toujours là et donne sans compter. Toujours de bonne humeur, il cuisine comme
il chante ou chante comme il cuisine. Il sait aussi se donner du bon temps et
il n’est pas rare de le voir lézarder en plein soleil. Aujourd’hui, même si le
vent ne nous aide pas beaucoup pour progresser vers Sainte Lucie, il ne pourra
pas goûter au filet pour bronzer. La mer reste formée et le harnais est
obligatoire pour rester à l’avant. Alors sans doute viendra-t-il squatter la
banquette de Valérie.
La fameuse banquette de Valérie !
Tout le monde connait les fameuses poudres de perlimpinpin
pour éviter le mal de mer. Les pharmaciens vendent leur « mer calme »
(ça marche autant qu’une tisane « nuit douce » qu’on donne à un
insomniaque avant de dormir), Gérard a ses huiles essentielles et Valérie a :
sa banquette !
A l’extérieur, un grand coussin bleu repose sur un coffre. Je
pourrais même dire une cave plutôt qu’un coffre car dans ses entrailles regorge
ce qui commence sérieusement à diminuer… au bout de quinze jours de navigation :
bières, rosé ou rouge pour huit personnes. Sur cette cave qui a fait le bonheur
d’un anniversaire ou d’un mariage, trône un grand coussin sur lequel il est
possible de faire une sieste. Valérie l’adopte
dès que la mer se forme. C’est avec cette banquette qu’elle rêve, qu’elle dort,
bercée par une mer qui s’agite. Depuis notre départ du Marin, elle a été chahutée
quelquefois mais jamais malade. Alors qu’en conclure ?
Si vous devez passer du temps en mer, plutôt que d’aller chez
le pharmacien, commandez plutôt chez votre marchand de meuble : la
banquette de Valérie. Je confirme : ça marche !
Solange a aussi trouvé la parade. Même si elle est allée
donner manger aux poissons une fois ou deux les premiers jours, son remède est
la bonne humeur ! Rien ne l’abat ! Elle revient avec sa tonne de
questions et remarques. La parole de la pipelette ne s’arrête jamais même par
gros temps.
Outre la banquette de Valérie, si vous devez passer du temps
en mer, la méthode de Solange est également imparable. Aller donner à manger aux poissons avec le
sourire et vous reviendrez guéri !
Au loin Saint Vincent s’éloigne doucement. Nous allons
dresser la table du midi. Dans cette mer formée, chacun devra cramponner son
assiette et son verre comme des souvenirs inoubliables que nous tenons
maintenant à tout jamais.
La fête pour les 60 ans de Gérard passée, Giuseppe continue
à vouloir faire la fête. Pendant que j’étais à la barre il y a deux jours, il
est venu me parler d’une question un peu perturbante. Il y a un paquet d’années
qu’il navigue et a donc connu pas mal de personnages sur ces navigations. Alors
sans doute par nostalgie du passé ou pour simplement montrer qu’un bateau ne
sert pas qu’à naviguer, il est venu vers moi spontanément. :
J’avoue que la question m’a surpris et qu’elle nécessite une
grande réflexion ! en attendant, ma réflexion se forge au milieu des
poissons. Trois ou quatre bains par
jours minimum ! Je ne sais pas à
quoi ressemble le paradis, mais les « Tobago Cays » doivent sans
doute en être proche !
L’annexe nous permet de nous déplacer d’îles en îles où
plutôt d’îlot en îlot. Petit Tabac nous a laissé l’impression d’être seuls au
monde. Ce matin, nous avons la même sensation. Je suis incapable de donner le
nom de l’îlot, mais les seuls habitants sont des iguanes. Contrairement aux lézards
de chez nous qui prennent peur au moindre pas, les iguanes ne bougent pas.
C’est même plutôt eux qui nous observent comme si nous étions débarqués d’une
autre planète.
Ce midi, je suis en cuisine avec Valérie. Nous arrivons déjà
aux deux tiers de notre voyage et il faut commencer à accommoder les restes.
Alors ce sera flan de courgettes et chips de patates douces faites maison et
gâteau aux pommes (histoire de finir les pommes et la farine)
Giuseppe est revenu plusieurs fois pour me reposer la même
question… J’avoue que je n’avais pas envisagé un voyage associé à cette
question existentielle, mais faire la fête avec l’équipage après une journée en
mer est toujours un moment sympa ! alors le « Pourquoi pas »
prend le pas sur la première hésitation. Giuseppe veut que je partage ma
réflexion avec Valérie. Je vais donc la mettre dans l’embarras !
Promis je lui poserais la question et je te redis ce midi.
La curiosité de voir comment pourrait se dérouler un tel
moment sur un bateau dirigé par un père solennel et une bande de gais luron
mettait fin à toute résistance.
Je me suis dirigé vers Valérie et je lui ai posé la fameuse
question …
Valérie ! heu !
Veux-tu que le capitaine Giuseppe nous marie sur ce bateau.
C’est quoi ce truc-là !!! me dit elle
Ce truc là était l’occasion de faire une fête sur un bateau
et de laisser notre maître de cérémonie unir deux personnes au milieu des
embruns avec la mer comme alliance.
La cérémonie a eu lieu hier soir…sur un bateau. « No
Stress » a réuni 2 mariés et six invités. Solange et Gérard ont été nos
témoins. (Promis ! Ces deux là nous les marierons plus tard).
Orazio s’est débrouillé pour télécharger sur son téléphone,
la fameuse marche nuptiale. Puis face à mon capitaine de mariage, orné d’un
chapeau de pirates des caraïbes, j’ai attendu que Valérie monte les quelques
marches de la cabine au bras de Didier. Puis sous une averse tropicale… (mariage
pluvieux ou mariage plus vieux, mariage heureux) ce fut la lecture de l’acte
authentique rédigé sur le verso de la liste des courses. Après le traditionnel
échange des consentements et des signatures, le prosseco fut sabré comme il se
doit ! Un barbecue de poisson comme offrandes et quelques heures plus tard
les mariés ouvrèrent le bal. Le mariage a été célébré dignement. Quelle soirée !
8 heures du matin ! départ vers Saint Vincent des
Grenadines… Valérie se réveille difficilement comme le reste de l’équipage… Ils
sont fous ces italiens ! mais tellement attachants !
« Petit
Saint Vincent » est un endroit tout aussi magique que les précédents, même
si demain nous franchirons un cap dans les couleurs en arrivant au Tobago Cays.
Gérard, Orazio, Solange sont partis avec l’annexe pour une balade. Valérie et
moi avons préféré le bain. Il faut dire qu’il fait chaud et l’eau est vraiment
agréable. Et puis c’est aussi beau en dessous qu’en dessus alors autant
profiter. Les tortues montrent leur petite tête en surface puis sous l’eau,
elles font leur ballade sans s’occuper de nous.
Le bateau part
ensuite vers Morpion et Punaise. Ce sont deux îlots de sable blanc de quelques
mètres carrés. A Morpion c’est juste un unique parasol qui habille l’île tant
la surface est petite. Il y a peu de profondeur et il faut toujours garder un
œil sur le sondeur dont l’alarme nous signale parfois le risque d’un passage
peu profond.
Nous arrivons
sur l’île de Petit Tabac le midi. L’ancrage est difficile tant la profondeur
est parfois insignifiante. Malgré l’habileté de Giuseppe, nous nous y
reprendrons en 3 fois, avant d’être aidé par un skipper habitué au coin. Il est
presque difficile de décrire l’île sans répétitions… sable blanc, couleur de
l’eau à faire pâlir les cartes postales Alors, puisque cette île ressemble aux
autres (non ! nous ne sommes pas blasés, mais émerveillés) j’ai préféré
aller sous l’eau. Ici, les poissons sont bleus translucides, jaunes, parfois
zébrés. Ils nagent dans leur univers sans sembler être perturbés par notre
présence. J’avoue que mes souvenirs de plongée dans les eaux de la Martinique
remontent à 20 ans et ce décor est assez similaire si ce n’est la variété des
poissons qui est plus importante. Le clou du spectacle de la matinée sera la
vue d’une raie d’une dimension impressionnante. Je ne savais pas que l’on pouvait
en rencontrer ici. Et bien si visiblement. Elle se déplace lentement 3
mètres en dessous de moi. On se croirait acteur d’un documentaire de
« Cousteau ».
Bon ce n’est
pas le tout ! Orazio a préparé les spaguets à la carbonara… et oui on
n’oublie pas l’Italie aussi facilement ! mais franchement Orazio est un
fin cuisinier… alors rien que pour ça, j’en reprendrai deux fois et finirai
l’assiette de Valérie.
Didier tentera
bien la manœuvre pour repartir mais Giuseppe reprendra vite la barre tant la
navigation dans ce coin demande une précision fine et une expérience certaine.
Il fait chaud, très
chaud et les coups de soleil foisonnent comme des bancs de poissons. Je regarde
Gérard, Giuseppe et Valérie rougir comme des langoustes dans une eau
frémissante. En cette fin d’après-midi, c’est moi qui sort de la marmite !
Biafine sans modération !
Ce soir nous
sommes aux îles de Tobago Cays. Orazio m’interpelle…. Il vient de voir une
« tartarugga » (c’est-à-dire une tortue). C’est vrai ! Elle est
bien grosse celle-ci ! Vache !
Les locaux ici
sont comme ceux de beaucoup d’îles. Ils sont multitâches. Il vous aide à
prendre une bouée de mouillage puis, vous proposent le poisson frais, la
langouste, le boat-taxi ou le restaurant sur la plage. Donc ne soyons pas
inquiets, il y a toujours l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours et qui n’a
pas eu peur pour nous sauver de la famine. Il suffit juste de tendre une
poignée de dollars des caraïbes pour obtenir ce qu’on veut. Au moins trois
bateaux se sont précipités déjà pour nous proposer leur service. Autour de nous
ce n’est pas moins d’une quarantaine de bateaux qui goûteront à la langouste ou
au poisson frais pour un prix européo- américain. C’est à la limite de
l’arrogance lorsqu’on pense à ce pauvre homme d’un soir à Canouan qui cherchait
à lourder ses cinq langoustes pour quelques euros et un verre de coca. Mais voilà les Tobagos Cays ne sont pas
faites que d’eaux turquoises. Il y a le folklore qui va avec et que nous
découvrirons ce soir.
CHERCHE MARTEAU
Voilà plus de
huit jours que le fameux dessalmachin joue avec nos nerfs ! Outre Gérard
qui pourrait chanter la chanson de Cloclo « Si j’avais un marteau, je
cognerais le jour », sachant que le connaissant, il pourrait aussi cogner la
nuit, le désaltruc commence aussi à jouer avec les nerfs de Valérie. Il est
situé dans un coffre sous son lit. Alors dès qu’un réparateur débarque, il faut
déloger les matelas, ouvrir la trappe pour voir l’état du desalcapricieux et
refaire le lit. Lorsque la panne fut décelée au Marin, Valérie voyait déjà un
lit parfait pour y passer un séjour confortable. Aux Anses d’Arlet, avec la
clairvoyance d’un deuxième réparateur, j’ai vu le grand sourire de Valérie en
refaisant le lit pour la dernière fois de la journée. Mais voilà la joie fut de
courte durée et deux jours plus tard à Béquia, rebelote !
Les matelas sont
repartis dans la cabine d’Orazio pour laisser place au 3ème réparateur. Mais
celui là était le bon… il a changé le relais et voilà enfin on pouvait sabrer
le champagne. Valérie refaisait le lit.
Hier soir,
Giuseppe est reparti à virer dans tous les sens pendant que Gérard tournait les
crêpes. Ben oui mais…
Ce matin, les
matelas sont repartis dans la chambre d’Orazio. Le 4ème réparateur
est arrivé. Lui aussi doit connaitre la chanson de Cloclo. Il a conclu qu’il
faudrait cogner de temps en temps le relais avec un marteau. Au passage, il a
demandé une bière car cogner, ça donne soif !
Alors à la moindre défaillance de désal…de M….,
les matelas repartiront chez Orazio, Gérard tapera un bon coup sur le relais
et… les matelas repartiront dans la cabine arrière.. Là où Valérie suppliera le
truc qui devrait dégueuler de l’eau douce d’arrêter de nous faire ch….
Bon
Valérie ! je vais t’aider à remettre les matelas et faire le lit !
C’est fou comme
on peut devenir vulgaire devant un fameux desalmachin … moi je me demande
toujours comment on peut embarquer un truc aussi chiant sur un bateau nommé
« No Stress » !
Après un arrêt sur l’île de Palm Island (un paradis de couleur)
nous avons passé notre première nuit au ponton depuis pas mal de temps. L’occasion
de recharger l’eau douce (hé oui !) et de brancher l’électricité. Un retour
à la civilisation !
L’île de « Union » semble pauvre pour ne pas dire
plus. Des chiens errants, des vaches errantes, des chèvres dans les rues. Des
voitures crachant des décibels. Toute cette façon de vivre contraste avec les
lagons d’eau transparente à laquelle nous nous habituons. Les habitants
espèrent nous vendre quelques fruits et légumes. Pour nous cette île est l’occasion
de faire un peu d’avitaillement. L’île semble pauvre et les prix pourtant exorbitants.
On se limitera à quelques fruits, quelques bières et un remplissage d’eau
douce.
Ce soir Gérard a décidé de faire son bigouden ! il va
nous faire des crêpes ou plutôt il va essayer. Valérie lui a préparé la pâte
alors le temps de se servir un verre de sa boisson préférée, et il se colle au
fourneau… Mais voilà ! notre marina est en plein vent et les flammes vacillent
alors, il lui faudra donc un verre de « Jack » toutes les trois crêpes.
Moi j’avoue que la cuisson des langoustes et le passage à 60 de Gérard m’a
paralysé la veille alors ce sera journée « eau ». La pâte résiste à
la cuisson alors que le « nutella ne résiste pas à Orazio ! Il faudra encore un verre ou deux à notre
bigouden pour que l’on puisse passer à table. Parfait ! Gérard a flingué sa bouteille, mais il pourra
demander l’exil en Bretagne !
Ce matin un énième réparateur est venu tenter de décoincer
notre désalinisateur ! Deux coups de marteau des caraïbes sur un relais
neuf et c’est reparti pour sans doute quelques heures ! Le premier outil
du mécanicien des Caraïbes n’est pas la clé de 12 ou le tournevis, mais le
marteau ! Cette façon de faire est assez dissuasive ! On évitera d’aller
chez le dentiste ou le médecin ! Par contre, Valérie et moi sommes allés vers
l’église, attirés par les chants des paroissiens. C’est dimanche et les gens ont
mis leurs plus beaux habits. Peut-être aurions-nous dû mettre un cierge pour honorer
le dieu des désalinisateurs mais par pudeur, nous sommes restés en short et T-Shirt
sur le seuil à écouter leurs chants avant de regagner le bateau en slalomant
entre les chiens.
Ce matin, « No Stress » est reparti pour le tour
de l’île de Carriacou. Un passage près de Sandy Island, une langue de sable
posée sur la mer transparente bordée de cocotiers. La grande voile est levée,
il fait chaud et la mer plutôt calme. Ce soir nous serons à « Petit Saint
Vincent ».
MAYREAU
Aujourd’hui est une journée particulière. Gérard fête ses 60
ans. Le bateau hisse un grand fanion « bon anniversaire ». « 60
ans aux Antilles » est le message d’un T-shirt qu’il devra porter toute la
journée et que nous avons signé. « No stress » avance vers
Mayreau pendant que je m’affole en cuisine avec Valérie. Cuisiner en mer n’est
pas simple. Tout est une question d’équilibre. Valérie épluche des
christophines. Drôles de légumes ! Coriaces à couper et coriaces à cuire !
et puisqu’il fallait marquer le coup, et bien nous avons préparé un gâteau
nantais (rhum oblige) et acheté des langoustes pour le soir.
Mayreau est une carte postale. Une langue de sable blanc d’une
vingtaine de mètres relie les deux cotés de l’île. Certains cocotiers sont
dressés, d’autres s’allongent sur le sable. Alors, la difficulté de la journée sera
de déplier la serviette de plage sous un cocotier, de s’allonger doucement pour
ne pas risquer la blessure et surtout ne rien faire.
Quatre langoustes d’une taille à faire peur à une cocote
minute sont devant moi. Il faudra donc quatre tournées pour les cuire. Un temps
suffisant pour enchaîner les tournées d’apéros…la suite est censurée. Nous retiendrons
que Gérard à 60 ans et que le temps de cuisson des langoustes peut faire
tourner les têtes. Comment quatre langoustes
peuvent vous faire danser, tourner la tête à en bafouiller ! Un véritable
mystère ! Mais ce matin, je sais que c’est à cause de ses crustacés que j’ai
mal au crane !
Didier est à la barre et nous nous dirigeons vers l’autre
coté de l'île. Il a l’air heureux ! Didier est fâché avec le travail alors
il s’est arrêté. Pour évacuer les soucis, il a décidé de ne jamais se marier,
ni d’avoir d’enfants.
Petit message personnel à mes enfants : je ne partage évidemment
pas cette philosophie. Vous êtes un vrai nid de bonheur et pas un souci ne peut
me faire adhérer à cette devise. Je vous aime parce que c’est vous, parce que vous
êtes ma richesse de vie qui vaut plus que tout, bien plus que même ces
cocotiers dressés devant moi.
Bon ! les cocotiers et le sable blanc c’est sympa aussi !
alors on va rester un peu encore ! « No Stress» vogue. Isabel
bouquine, Valérie dort en pensant elle aussi à ses richesses (A ce propos !
Tim… pense à ton parcours sup ! Ba
ouais ! on te surveille !), Orazio rêve, Solange cuisine. Gérard
reprend la barre pour éviter la barrière de corail.
Palm Island est devant nous…
La vie est douce comme les patates que nous mangerons ce midi !
Et notre désalinisateur…ne veut pas nous donner plus de
douceur ! Ce matin, il est en grève ! Et merde !
7h (heure locale). « No Stress » est reparti de
Béquia pour se diriger vers Canouan La fin de matinée fût réservée à cette île
de milliardaires dénommée « Moustique. Je comprends maintenant mieux
pourquoi Mick Jagger ou d’autres ont acheté ou construit leur maison. Nous y avons
passé quelques heures histoire de voir à quoi ressemblent la vie de ces pauvres !
Ici le sable est blanc, l’eau transparente et les cocotiers regardent
la mer. Le bateau ancré, nous avons mis à l’eau l’annexe pour débarquer au
ponton. Les tortues marines se promènent entre petits bateaux et catamarans. Ici
tout est beau. C’est à se demander s’ils ne balaient pas la pelouse ! Les
photos vont bon train. Orazio veut aussi les siennes. Il alterne avec Solange,
Valérie et Gérard dit « Tonton » pour immortaliser ses pas sur ce
petit diamant. Il fait chaud très chaud à monter cette seule route qui mène au
point culminant. Une photo, puis une autre puis encore une autre parce que les
décors sont tous plus paradisiaques les uns que les autres. En redescendant,
des pêcheurs débarquent leurs dorades coryphènes comme pour nous narguer, alors
que pour le moment, mes hameçons se baignent dans l’eau chaude sans séduire le
moindre poisson.
Puisque le poisson ne veut pas toucher un hameçon, alors
nous allons toquer à leur porte. Valérie et moi sortons les masques et tuba.
Rien de mieux que de plonger dans un aquarium grandeur nature. Et c’est bel et
bien un vivier de poissons rouges, bleus jaunes tous plus beaux les uns que les
autres qui nagent devant nos masques.
Le soir, c’est l’île de Canouan qui nous a accueilli. Là, « Mister
William » nous a proposé nos premières langoustes. Cinq petites langoustes
pour un apéro royal !
6 h (heure locale). « No Stress » est arrivé à
Bequia. La nuit a été faite de vagues, de grincements et de bruits. Une nuit sans néons de ville ! Juste la
lune et les étoiles pour réverbère. Une nuit sans klaxon, sans bruit de
ville ! juste des claquements de vagues sur la coque, le bruit de trucs
mal calés qui vont et viennent dans les coffres. Le courant fort avant Sainte
Lucie nous tient à petite vitesse. 2 nœuds ! nous ne sommes pas rendus,
mais la nuit apportera le vent et la vitesse suffisante pour un petit déjeuner
dans l’anse de Bequia
Les douanes ouvrent à 9 H. nous attendrons donc un peu pour
poser le pied à terre. Les locaux
sillonnent au milieu des bateaux étrangers pour vendre poissons, glaces pour
glacière, fruits, pains. Même les langoustes sont brandies à bout de bras !
les maisons multicolores sont à flancs de colline descendent jusque l’eau que
le soleil commence à éclaircir.
Les formalités faites, nous posons notre premier pied à
terre vers 13h. Ici tout est en couleur. Les façades de maison, les stands de
petits vendeurs.et les fleurs. Orazio
négocie des aubergines et une photo de son vendeur « Jean Baptiste ».
Visite de la petite chapelle perchée à flanc de colline. La route est pentue et
la chaleur n’arrange rien.
Allez ! On va boire un coup et puis ce sera baignade
dans la mer qui nous tend les bras. Chaussons obligatoires car les oursins
tapissent le fond.
Pendant notre petite virée, le miracle de Béquia est arrivé.
Un réparateur s’y est repris à trois fois et a remis sur pied notre
désalinisateur. Notre réservoir d’eau
douce se remplit doucement au fur et à mesure que le déshabilleur de sel puise
l’eau dans la mer et, d’un coup de baguette magique remplit la cuve d’une eau
douce à faire rajeunir les peaux. Ce soir c’est « douche des Caraibes »
obligatoire !
Il est 23 heures en France. Ici l’après-midi se termine à la
vitesse d’un antillais en vacances. Didier prépare un Rhum chargé de maracujas
frais achetés sur l’île. Les verres se posent sur la table. Le soleil descend
doucement dans la mer. Les silhouettes des bateaux s’obscurcissent doucement
pendant que les façades des maisons s’habillent de la couleur chaleureuse d’un
soir tranquille. Un trois mats guette au loin l’arrivée de la nuit. Demain,
« No Stress » repartira doucement vers l’île de Moustique puis
Canouan. Béquia nous a donné un échantillon des superbes plages. Les prochains
jours, nous entrerons dans le paradisiaque.
MARIGOT (SAINTE LUCIE)
« No stress » est au mouillage à Sainte Lucie dans
la baie de Marigot Bay après une traversée de 6 ou 7 heures. L’occasion d’être escortés par une poignée de
dauphins. Ces globicéphales sont noirs avec une tête massive. Ce ne sont pas
ceux que l’on connait sur nos côtes mais c’est vraiment sympa d’apercevoir ces
ailerons en surface et les voir apparaître à quelques mètres de nous.
Quelques oiseaux nous accompagnent aussi et plongent comme des cormorans pour
chasser. Le bateau doit sans doute en passant effrayer des
bancs de poissons et en remontant en surface se mettent directement sous la
menace de celui qui passe à table.
Nous aussi sommes passés à table. Valérie et moi étions
de service aujourd’hui. L’idée pour ce soir était de reproduire la recette des acras que nous avions mangés deux jours plus tôt. Pendant la préparation, tout
l’équipage ayant retrouvé le désalinisateur en a profité pour s’offrir une
belle douche faite d’eau douce et de savon. Rêver d’un feu de cheminée ou d’une
douche chaude… voilà ce dont rêvent les marins embarqués pour un temps. Je me l’offrirais
aussi mais après manger car pour l’instant place à la cuisine ! allez
Valérie vas sous la douche, je continue à préparer et j’irais après manger…
La nappe est posée, les assiettes dressées. L’équipage
est frais pimpant sauf moi qui salive le moment de passer un moment sympa
autour d’une table avant de me rafraîchir sous une douche réparatrice. Premier punch
au rhum local ! les acras arrivent ! un petit verre de rosé bien
frais ensuite et voilà tout est parfait ! les discussions vont bon train
alors il ne reste plus pour moi qu’à m’offrir la cerise sur le gâteau après avoir
débarrassé, lavé et rangé, le bonheur de se laver…
Le robinet s’ouvre et… Plus une seule goutte, pas même une demi
goutte. Le robinet crache de l’air comme pour me narguer !
Il n’y a plus d’eau ! le désalinisateur pleure
encore misère et je vais rester dans la moiteur de la journée ET M…. !
Tout le monde y va de sa théorie de la vanne a moitié
ouverte ou fermée. Mais je resterais avec une douche dont la vanne est celle d’un
Sahara un soir de sécheresse.
Ce matin, j’ai cru que mon rêve allait être exaucé.
Giuseppe a du trouvé la bonne vanne et miracle… l’eau a coulé… J’ai sauté dans
la douche, ouvert le robinet du bonheur… la couleur du savon sur ma peau la
blanchit et je renais… c’est bon et ça sent bon l’odeur du citron ! Un
dernier rinçage pour enlever ce savon et cette crasse….
ET… M….. ! plus rien… Plus d’eau…
Cette fois, c’en est trop ! dehors une averse
tropicale se prépare alors, comme cette publicité pour le « Tahiti douche »,
je vais me rincer sous la pluie, à poil, à la seule vue des cocotiers.
L’averse tropicale se transforme en crachin breton !
Insuffisant pour se rincer… C’est définitivement
perdu… je plonge dans la baie retrouver l’eau salée… La douche à l’eau douce
restera le rêve d’un soir !
« No Stress » reprend sa route sans eau douce. Dès
que nous le pourrons, nous réparerons. Le loueur a un bureau à Bequia dans l’île
d’Union. C’est notre route et nous y serons demain matin.
Sans stress et sans eau, No Stress poursuit sa
descente vers les îles Grenadines. Une dernière halte ce midi aux pitons de la Soufrière et des 18 H, nous repartirons pour une navigation de
nuit pour arriver à Bequia (le pays enchanté de l’eau douce et des douches
chaudes) vers 5 H du matin.
Bonne nuit et à demain.
« NO STRESS » sort du port du Marin lentement. Le
soleil nous salue et nous nous dirigeons vers l’anse des «Trois Îlets ».
Le circuit commence. Tout l’équipage est sur le pont pour cette première mise
en mains. Le soleil alterne avec quelques averses tropicales de quelques
minutes. Les couleurs sont belles et les arcs en ciel fréquents.
Didier nous avait prévenu : les martiniquais pêchent la
langouste avec des casiers. Les cordages sont à peine visibles car une simple
bouteille ou bidon à la mer les matérialise. Un homme prévenu en vaut deux….
Mais pas huit ! nous n’avons même pas eu le temps de monter la voile… Le moteur
s’est étouffé d’un coup… L’hélice était prisonnière d’un de ces cordages…Orazio et moi sommes donc descendus plus vite que prévu pour
notre premier bain sous les tropiques. Une petite cordelette entourait
l’hélice. La mer formée ne rend pas les apnées faciles. Il a fallu employer la
méthode forte pour libérer notre bateau. Après avoir détortillé une partie du
cordage, le couteau a fini par trancher les dix centimètres restants.
Ouf ! « No Stress » est donc reparti pour atteindre l’anse
d’Arlet. Un petit repas (la mer ça donne faim !) et puis direction l’Anse
Noire.
Notre désalinisateur ne fonctionne pas. Cet appareil nécessaire pour dessaler l’eau est
indispensable pour ne pas boire de l’eau salée dans quelques jours. Nous avons une
réserve d’eau douce, mais ça ne tiendra jamais 15 jours. Alors par prudence, il
est préférable d’appeler notre loueur. Il viendra demain matin de très bonne
heure nous dépanner. Nous passons donc la nuit dans l’anse noire avec une horde
de jeunes venus faire la fête sur des bateaux. On se croirait en boite à ciel
ouvert. Mais par pudeur où tout simplement parce que le week-end se termine
pour eux, les bateaux finissent par quitter l’anse qui retrouvera le silence
d’un souffle léger et d’un clapot berceur.
Ce matin, Didier et moi sommes partis chercher notre
réparateur avec l’annexe. Un petit sac d’outils et une bonne heure d’essai ont
eu raison de la panne… Pour ne rien
perdre d’un moment qu’il faut rendre agréable, Orazio a plongé le premier. Et
puis, Je l’ai suivi avec Valérie. Palmes, masque Tuba pour une visite dans
cette eau tiède. Une bonne averse nous offre un arc en ciel démarrant dans la
mer et finissant sur la montagne verte. C’est splendide et comme si ça ne
l’était pas encore assez, des curieuses viennent nous rejoindre. Là sans être
effarouchées voire même plutôt effrontées, des tortues nous rejoignent. Elles
semblent s’accommoder de notre présence alors, profitons-en ! Génial !
Et même lorsque nous remontons sur le bateau, on aperçoit leur tête dépasser de
l’eau comme pour nous signaler que ce territoire leur appartient.
Au moment où j’écris, le bateau file à 10 nœuds vers Sainte
Lucie, nous éloignant d’une côte martiniquaise que ‘l’on devine à peine
maintenant. La grande voile est gonflée par le vent de travers au ¾ et le foc
déplié en totalité, Gérard est à la barre en attendant d’être relayé. Il explique
à Solange comment fonctionne la navigation. Orazio doit dormir je ne sais où
(pourvu qu’on ne l’ait pas oublié !) Didier, notre insomniaque la nuit,
commence à somnoler bercé par la vague. Giuseppe retrouve son élément qu’il ne
le quitte que très rarement. Valérie et Isabel dorment et doivent rêver de
lagons bleus, pendant que sans stress, notre beau bateau file vers Marigot Bay
et que mes doigts s’agitent à vous donner quelques nouvelles.
A bientôt
FORT DE FRANCE
L’avion s’est posé tranquillement à 21 h (heure locale). Le temps de récupérer les voitures, de récupérer les valises, de trouver l’auberge (la porte du paradis), de discuter avec Maïté la patronne qui nous donne tous les bons tuyaux pour demain devant des visages fatigués. Seul Orazio qui se souvient de quelques mots que nous lui avons appris boirait bien un pastis avec quelques « Cacahouette ». Et bien, il aura réussi à décrocher un rhum pour tout le monde et le lit ne nous a tendu les bras que vers 23H30 (soit 4H30 heure française).
Nous sommes donc désormais réglés à l’heure des tropiques et ce matin des 7 H, il est prévu d’aller faire un tour de marché à Fort de France et de procéder au fameux avitaillement…. Avant de récupérer le bateau vers 17h mais, ç’est sans compter le rythme martiniquais. Le petit déjeuner bien copieux est servi en… 2h. (cool, nous sommes en vacances)
Le marché bien coloré nous accueillera donc à 9h. Puis déambulation dans les rues de Fort de France pour finir sur une terrasse de café… Un peu décalqués par la chaleur et le décalage.Et puis mieux vaut prendre des forces car l’après midi est destinée au fameux avitaillement !
15 jours de vivres pour huit personnes… Ça donne une idée des caddies à faire. 150 litres d’eau minimum, (car nous ne buvons pas que du rhum), et puis une liste à faire danser un propriétaire de supermarché. Solange a sa liste pointée méticuleusement avec Giuseppe. Valérie promue par Giuseppe « Ministre des finances » tient la bourse. Moi j’avoue que mon plaisir pour les courses est assez mesuré et après m’être débattu dans les rayons, je me suis promulgué ministre des transports avec Orazio en poussant le caddie. Le premier supermarché n’est pas assez achalandé alors, il faudra en trouver un deuxième pour compléter ! Au secours !
Deuxième essai et cette fois ce sera concluant. J’ai tout de même l’impression de passer les caisses comme un passage à la douane ! c’est le fameux… Rythme martiniquais ! Pani problème !
La montagne de courses arrive par chariot entier sur le bateau. Vraiment impressionnant ! On comprend pourquoi les caravelles de Christophe Colomb embarquaient des troupeaux ! Enfin ! Les courses sont faites. Un dernier petit tour vers Fort de France pour Giuseppe et moi pour rendre les voitures et cette fois c’est le départ ! enfin presque !
Une heure d’attente d’un taxi qui finira par arriver, (c’est le fameux rythme martiniquais !) et nous voilà avec fatigue arrivé sur notre bateau qui se nomme :
« NO STRESS »
Il est beau comme un camion… Que dis-je ? Beau comme un bateau tout neuf… Il nous attend et déjà nous savons que dans ce cocon, nous Allons partager sans doute, anecdotes, soucis et souvenirs impérissables.
La soirée est détendue et Giuseppe en bon skipper prévenant nous conseille sur la sécurité en mer et le rôle de chacun.
Vous connaissez notre ministre des Finances ? Valérie ! elle sera aussi ministre de l’intérieur et devra vérifier à ce que rien ne casse pendant la navigation. Et puis quitte à lui donner du grade, on va la mettre chef de cabinet. A ce titre, elle vérifiera que les vannes des… WC sont bien fermées en navigation.
Giuseppe (notre Président) nomme Solange ministre de l’importation sur le bateau… tous les achats de vivre passe par sa liste.
Isabel est un peu ministre de l’écologie… rien ne doit pourrir dans les frigos ! alors en bon ministre du développement durable, elle doit vérifier que les responsables de cuisine du jour ne manquent de rien mais aussi, ne perdent pas les denrées si chiantes à trouver.
Je suis ministre de l’extérieur ! (Ça en jette non !), je dois vérifier que tout est en accord à un amarrage et largage facile. Hé puis, ministre de la communication et de la culture ! ce blog fait partie de mes missions mais aussi de la musique et là … Ca va donner avec mon pote Orazio.
Orazio est donc le préposé à la musique mais aussi ministre de l’Energie. Il doit importer le gaz, l’eau douce et vérifier que les batteries sont toujours opérationnelles.
Didier nous a rejoint le dernier. Il a donc participé à la caisse de bord le dernier. Le ministre des finances bien sympa ne lui a même pas flanqué 10 %. Allez pour se faire pardonner, il est allé chercher les croissants ce matin. Il sera donc ministre de l’annexe et chargé de nous dépoter sur les plages de sable blanc
Enfin Gérard sera notre premier ministre. Il devra aider à la politique du président, et veiller à la bonne composition du gouvernement….
Bon Giuseppe ? on est crevé…. On essaye nos harnais et on file se coucher ?
« NO STRESS » est fin prêt…. Larguez les amarres…
Encore quelques heures et l’avion prendra la direction de Fort de France. Un dernier taxi pour ménager les piteuses roulettes d’une valise déjà bien fatiguée et ça sera les retrouvailles avec nos Italiens partis à 4 h du matin. Le rendez-vous est fixé devant le comptoir d’enregistrement. Je ne sais pas où se trouve Isabel ? Sans doute partie d’Espagne, peut-être en train de rejoindre Giuseppe et Orazio pour cheminer vers Paris. Nous verrons.
Le duo de l’atlantique est constitué. Le duo parisien également et tout ce petit monde s’affère sans doute avec une excitation certaine en pensant ne rien oublier.
Hier soir le rhum arrangé s’est invité au milieu des pizzas (histoire de se mettre dans l’ambiance et de commencer une étude sur cet ingrédient particulièrement séduisant !). J’avoue avoir une préférence pour l’ananas, même si la framboise ou la cerise ou peut-être même d’autres parfums n’étaient pas mal non plus… Alors un dernier ! Mais à l’ananas, pour monter les marches plus sereinement et ensuite, ce sera coucouche panier. Les résultats de l’étude sont formels : le rhum aide à l’endormissement, facilite le sommeil régulier et vaut bien mieux qu’un litre de tisane « nuit calme » vendu en pharmacie. Il n’est pas pris en charge par l’assurance-maladie, mais qui sait ? Après notre étude sérieuse, plus rien ne l’interdit.
12 h 30,
Le taxi est avancé. 45 minutes à sillonner dans cette capitale tentaculaire, à supporter le bruit d’un périphérique encombré, les embouteillages, les klaxons, les dépassements à gauche, à droite. Que font tous ces gens les uns sur les autres ? Et notre conductrice de taxi polonaise ? Elle doit en avoir des anecdotes à raconter et du stress à revendre. 50 minutes qui deviendront bientôt 1 h à tenter d’isoler son esprit sur les horizons qui vont se dessiner, à rêver de grands espaces marins. Paris n’est vraiment pas fait pour moi ! Tout semble aller à 100 à l’heure alors que dès dimanche matin, notre catamaran voguera en silence entre 5 et 10 nœuds.
L’arrivée devant l’aéroport est interminable. Mais voilà, nous y sommes…. Gérard me tape dans le dos. Et nous sommes donc quatre et bientôt sept avec Giuseppe, Orazio et Isabel qui viennent de rouler pendant 800 kilomètres depuis Turin.
23,8 kg de valise…. (Bon on ne va tout de même pas enlever 800 grammes ! Tout s’arrange avec le sourire et nous voilà avec nos cartes d’embarquement.
Plus que la sécurité à passer est tout ira bien. 6 sont passés malgré des valises surchargées de vivres…. Nos italiens ne veulent pas mourir de faim… Mais voilà petit souci… Où est Valérie ? Elle a rangé sa carte d’embarquement aussi bien qu’un trousseau de clés dans un sac de filles et pas moyen de la retrouver et donc de passer…. Un petit stress, mais voilà ! Elle a entre temps refait une nouvelle carte et nous voilà cette fois bien prêts !
A Bientôt en Martinique !
J - 1
Et c’est parti !
Le soleil ronronne et le ciel bleu vient nous dire que c’est bel et bien le printemps ! Le train 8872 file vers la capitale. Emilie notre chef de bord nous assure de la bonne nouvelle : le train arrivera à l’heure à 15 h 35. (Merci Emilie ! Sympa)
La valise (22,5 kg tout de même) est casée avec tout le nécessaire pour piéger l’espadon et la dorade !
Trois mois déjà qu’une partie de l’équipage est revenu de Grèce sans trop savoir ce qu’était un « gilet jaune » et là nous partons avec la vraie définition de ce que sont la colère et la bêtise. On va mettre ça de côté pendant 15 jours en espérant que la France retrouve un semblant de sourire. Le train file vers la capitale pour passer une belle soirée en attendant de retrouver le reste de l’équipage.
- Tu descends à Montparnasse… (difficile d’aller plus loin en même temps !), tu prends la ligne 13, tu descends à Miromesnil puis la ligne 9 et tu descends à chaussée d’Antin… écrit Sophie ma petite sœur avec la peur terrible de perdre un plouc qui débarque à Paris pour chercher la clé de sa baraque.
-Voilà qui est précis petite sœur ! J’espère que tu connais l’adresse des objets trouvés ?
Paris est un vague souvenir de jeunesse. Cette ville m’a hébergé 3 ans et je l’ai quittée sans difficultés. Je me souviens y avoir croisé Freddy Mercury, Elton John dans des salles de concert, mais je me souviens aussi avoir couru pour prendre un métro, m’y être endormi après le boulot en oubliant de descendre, croisé des gens paumés, et ne plus supporter la vitesse et l’absence d’un horizon sur la mer.
Emilie nous annonce l’arrivée en gare d’Angers…. Elle précise même qu’il est préférable de descendre à l’arrêt complet et de faire gaffe entre le marchepied et le quai… (vraiment sympa cette Emilie !)
Plus qu’un jour et quelques heures et l’avion décollera vers les caraïbes laissant les manifs et les gens courir dans des escalators interminables, les klaxons et l’odeur du métro. Place au gilet de sauvetage, au harnais, à l’horizon et au silence, à la mer qui va nous bercer et aux décors qui resteront gravés. Place à l’accent de Giuseppe, à la voix de Gérard qui dira : « On n’est mieux là que dans le métro », place à ce que chacun a discrètement glissé dans sa valise… bonne humeur et franche rigolade (0 kg et sans surcharge, alors, profitons-en : On en ajoute et on n’en ramènera jusqu’à faire péter les fermetures éclairs.)
Le train arrive en gare du Mans… Emilie doit dormir…
A côté de moi, un bébé dort à poings fermés et plane dans l’innocence. Moi, je sens que je vais rejoindre aussi l’innocence jusqu’à ce qu’Emilie se réveille et annonce notre arrivée à la capitale….
A bientôt
J - 2
Si vous gagnez au loto, que ferez-vous ?
J’aime beaucoup me projeter dans ce genre de pensées. Ça
permet de s’interroger sur notre propre définition du bonheur.
Certains ont des listes d’envie bien longues et d’autres ont
des bonheurs bien simples...
Une Ferrari… J’avoue que mon goût pour les belles voitures
est assez mesuré. Donc… plutôt non.
Idem pour les motos ou trucs bruyants dans le genre… C’est
non.
Arrêter de travailler : ça reste envisageable, mais
pour quoi faire… Parcourir le monde ? La terre est ronde et finalement ça
reviendrait à tourner en rond...
Acheter un bateau ? Autant le louer, le plaisir est le même, non ?
Acheter un bateau ? Autant le louer, le plaisir est le même, non ?
Partir sous les cocotiers ? C’est une idée à creuser.
Pourtant, c’est aujourd’hui le printemps ! Là-bas, sous les tropiques, les
gens rêvent peut-être de gagner au loto pour voir ce qu’est une vraie saison.
Voir la neige blanchir les toits, les feuilles tomber et la nature s’éteindre
et se réveiller. Voilà ce dont doivent rêver les habitants des îles. Ils ne
connaîtront jamais l’odeur et la chaleur d’un feu de cheminée. Jamais ils ne
verront les feuilles tomber et les oiseaux se cacher… Mais alors, c’est
peut-être nous qui avons le bon décor et détenons le vrai bonheur. Tout
n’est pas si simple, et le bonheur ne se contente pas d’un simple décor.
Bon ! Il faut un
volontaire pour vérifier tout ça ! Je vais donc me sacrifier pour
l’humanité et aller voir si le bonheur ne se cache pas aux îles Grenadines !
La vie aux deux
saisons. La saison sèche et la saison humide. Par lâcheté, nous avons choisi la
saison sèche et la fin des ouragans.
Nous avons choisi les lagons d’eaux transparentes et les
cocotiers qui rampent sur le sable blanc. Nous avons choisi la vie ralentie par
le soleil qui a brûlé le mot « vitesse ». Nous avons choisi la mer
pour scruter l’horizon et les couchers de soleil.
Nous avons choisi les maillots de bain pour
vérifier que l’eau est aussi chaude qu’en piscine. Nous avons choisi cet
aquarium géant et ses coraux, ces villages fleuris fait de bric et de broc...
Et
puis le bonheur se cache peut-être aussi dans l’assiette ? Il faudra
vérifier s’il n’est pas planqué dans le corps d’une langouste.
Être en recherche de bonheur, c’est sans doute la meilleure
façon de le conserver.
Entre nous… Ce serait bête de gagner au loto sans être prêt
et sans avoir piqué un échantillon des possibles. Alors promis, avant de jouer, nos allons vérifier tout
ça et nous vous dirons…
J - 3 Cela se précise ! Je sens les choses arriver... ! Jeudi prochain sera un moment d’excitation certain : le voyage de la petite gare de Challans vers la grande gare de Paris Montparnasse. Une petite nuitée chez ma petite sœur et vendredi viendra le départ vers Fort de France avec tout l’équipage sauf Didier qui sera déjà sur les terres martiniquaises.
Surtout ne rien oublier !
Le passeport, c’est fait !
La carte d’embarquement pour l’avion, c’est fait !
Le téléphone portable et son chargeur (pour ne pas ressembler à Robinson Crusoé coupé du monde) c’est fait !
Du réseau ou Wifi (pas simple à mettre dans la valise) … Alors on verra, ce n’est pas gagné !
La carte d’embarquement pour l’avion, c’est fait !
Le téléphone portable et son chargeur (pour ne pas ressembler à Robinson Crusoé coupé du monde) c’est fait !
Du réseau ou Wifi (pas simple à mettre dans la valise) … Alors on verra, ce n’est pas gagné !
Et surtout… La carte bleue !
Avec ces 4 petits trucs presque invisibles mais
indispensables, on doit pouvoir s’en sortir. Cela laisse la place à 23kg de
superflu ! le maximum autorisé pour ne pas se faire surtaxer…
27 ° le jour en moyenne et 23° la nuit ! Le climat
tropical exige donc de laisser les bonnets et les écharpes, les chaussettes et les
pulls et de remplir la valise de T-shirt, shorts et l’ustensile
incontournable : le fameux… Maillot de bain ! 2,5 KG en comptant les short T-Shirts et .... slips...
Puis, Palme, Masque, Tuba, matériel de pêche hé oui ! Car
même s’il y a quelques mois, la Grèce nous a rétrogradés au rang des mauvais
pêcheurs…(cf. résumé de l'histoire ! ) (Pas un poisson en 15 jours !), on s’est promis que cette fois
nous serions les pros de la pêche de bonites, de dorades et pourquoi pas
d’espadons). Une paire de jumelles pour repérer les sirènes, une petite paire
de gants pour ne pas s’abîmer les mains sur les langoustes et le tour est joué.
15 KG…. Hum ! Je vais peut-être retirer des plombs.
Huile solaire, car ça va taper, une petite trousse à
pharmacie pour les petits bobos, une casquette ou un chapeau, et malgré le côté
idyllique de la destination, un petit ciré, car tropique veut aussi dire
humidité et nous aurons sans doute notre averse quotidienne. + 2KG
Deux ou trois livres, une lampe frontale, quelques torchons
(car essuyer la vaisselle avec des draps de bain, ce n’est pas le pied !),
et voilà ça se termine !+ 1KG
Ha, j’oublie ! La spécialité locale pour partager avec
mes équipiers, mon ordinateur parce que partir sans écrire, c’est un peu comme
nager sans eau, un adaptateur pour le courant 220 volts, car les îles grenadines
sont aussi marquées de l’empreinte britannique. Et puis au cas où quelques
feuilles et un crayon. + 2KG
Et puis… une trousse de toilette… Des sandales et des
chaussures de bateau pour ne pas salir le pont.
+1 KG
Un anti moustique quoique ! il parait que le citron
vert et imparable… ½ kg
Autre chose ? Bon de toute façon, cela fait déjà 24 kg…
Donc on se calme… On va retravailler sur le matériel de pêche…
Il reste à passer devant le sas de contrôle : la
balance ! La technique est bien rodée…. Se peser sans la valise puis, avec
la valise et procéder à l’opération suivante :
Poids total – Poids de Claude = poids de la
valise………Hum ! sur un pied … c’est pire… en revanche, les pieds sur le
bord de la balance et on arrive au 22,5 KG…. YESSSS !
A demain
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