Canouan


 Le jet privé du Raffles Resort Canouan Island ou de la compagnie SVG, assurant les liaisons depuis Fort-de-France, se pose à côté de l'hélicoptère de l'homme le plus riche du monde. Une gracieuse hôtesse tend serviettes fraîches et eau glacée, puis, dans une rafale d'air conditionné, un van aux sièges en cuir dévore les 4 kilomètres séparant l'aéroport du dernier paradis à la mode des Caraïbes. Quelques maisons entourées de barrières de lambis, ces coquillages à l'intérieur rose comme une langue, une station de police flambant neuve, un ou deux petits magasins d'alimentation et quelques chèvres jalonnent la promenade. Bientôt apparaissent des voitures de golf blanches. Des villas aux toits verts ornés de tétraèdres hérissent les pourtours de la baie Carénage, au-dessus de deux croissants dorés : les plages Godhall et Jambu. Une église anglicane, qui ne déparerait pas le plus vert gazon du Sussex, pointe son clocher au-dessus des étangs, des bancs de sable fin et des anneaux verdoyants du golf.

Indéniablement, l'île avec vue a été repérée. Elena Korach, la blonde directrice de la société de construction CCA, raconte : «Antonio Saladino avait acheté une terre à Moustique. Il s'y est ennuyé : ni centre-ville, ni convivialité, ni bambini. » (L'homme est italien.) James Mitchell, alors Premier ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, cherche un investisseur pour un projet haut de gamme sur Canouan. M. Saladino, banquier établi en Suisse, suggère de bâtir un resort de luxe pour les familles fortunées des années 2000. Le chantier est immense : il faut construire la route, l'aéroport, une usine de désalinisation d'eau de mer. L'électricité arrive en 1996. Fulvia Clappier, la directrice du Tamarind Beach Hotel, le second établissement de l'île, se souvient : «On a édifié pour les ingénieurs, las de vivre dans des containers, ce bâtiment en bois. Puis il a accueilli notre école hôtelière.» En 1998, à l'ouverture du complexe, le Tamarind constituera l'alternative de charme au Raffles Resort Canouan Island. Enfin, à ce qui deviendra le Raffles : la gestion du lieu est confiée en 2004 seulement au groupe singapourien, expert du luxe. Le Tamarind Beach Hotel appartient, bien sûr, à Antonio Saladino. Comme l'ancien Canouan Beach Hotel où logent désormais les 500 employés. Comme d'ailleurs les trois quarts de l'île : 480 hectares sur 770.

Toute la partie nord de Canouan, la tête du scorpion, est investie par le complexe. Les deux pinces enserrent la sauvage plage Mahault, lieu de ponte des tortues. Une villa à l'italienne - la villa Monte-Carlo qui abrite le casino - ouvre sa loggia au-dessus de la plage Jambu : depuis la terrasse, le regard balaie les Tobago Cays et autres Grenadines... Quelques villas privées, les Trump villas, commencent à s'édifier alentour. Donald Trump prête aussi son nom au parcours de golf, un 18 trous qui accueille le Million Dollar Trump Tournament. Les 90 villas du complexe, entourées de fleurs, tapissent discrètement les flancs de la baie Carénage, autour de l'église.








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